Né le 10 décembre 1908 à Avignon, en France, Messiaen devient un compositeur majeur de la musique du XXe siècle.
Il est le fils de Pierre Messiaen, professeur de littérature qui a traduit l’œuvre complète de Shakespeare et sa mère, Cécile Sauvage, en plus de la poétesse était une érudite de la rythmique grecque.
De cette façon, il a grandi dans un environnement familial littéraire, ce qui favorisera sa formation artistique et transparaîtra dans la richesse de son langage musical.
Messiaen reconnaissait l’influence de l’environnement familial sur son développement artistique.
Dans une interview accordée à Claude Samuel et publiée en 1986, « (…) En attendant pour moi, ma mère avait des intuitions poétiques.
C’est pourquoi elle a dit, sans savoir que je deviendrais compositeur, ‘je perçois une musique inconnue, lointaine’ (…).
Et pourtant, (…) ‘Tout l’Orient est ici en train de chanter en moi- avec ses oiseaux bleus, avec ses papillons’ (…).
Comment pourrait-elle savoir que je serais ornithologue et que le Japon me fascinerait? (…).
Je suis convaincu que je dois ma carrière à cette attente musicale. C’est ma mère qui m’a indiqué, avant ma naissance, la nature et l’art.
Elle l’a fait en termes poétiques; étant un compositeur, je les ai ensuite traduits en musique » (Messiaen. In : Samuel & Messiaen 1994 : 15, Moreira, 2008)
Son œuvre laisse transparaître une profonde foi religieuse et une connaissance de l’ornithologie, ayant même été appelé S. Francisco de la musique contemporaine. Il disait que ses compositeurs préférés étaient les oiseaux.
Sa religiosité est apparue dans le catéchisme, lors de sa phase à Grenoble entre 1914 et 1918, période où son père, Pierre Messiaen, luttait pendant la Première Guerre avec les autres hommes de la famille.
Pendant cette période, Messiaen vit dans l’appartement de son oncle, André Sauvagem et déjà dans la phase adulte, il raconte qu’il jouait souvent au piano de partition qu’il gagnait de Noël : Don Giovanni et La flûte magique de Mozart, Alcest et Orphée de Gluck, Sigfried de Wagner, Estampes de Debussy et Gaspard de la nuit de Ravel et aussi celles qu’il achetait.
Parcours professionnel et évolution stylistique
À 22 ans, il est nommé organiste de l’église de la Trinité à Paris, où il travaille jusqu’à sa mort.
Cette expérience avec la grandeur sonore de l’organe se répercutera à de nombreux moments sur la sonorité de vos compositions pour piano.
En plus d’être un grand compositeur, Messiaen était un excellent organiste et devint célèbre avec ses improvisations à l’orgue.
Selon Francisco Javier Costa Ciscar (2004), le style de Messiaen s’est considérablement renouvelé tout au long de sa carrière, mais les changements ne sont pas faits progressivement mais de manière brusque, étant relativement facile de distinguer le passage d’une époque à l’autre, Bien que cela ne signifie pas l’abandon des particularités déjà développées, mais l’agrégation de nouveaux matériaux dans leur langage musical.
Selon ses caractéristiques stylistiques, Serge Gut divise l’œuvre d’Olivier Messiaen en quatre périodes différentes organisées selon l’agrégation de nouveaux matériaux de composition.
Le style de Messiaen dans la première période est caractérisé par une forte influence de son professeur de composition Paul Dukas et surtout Claude Debussy qui dérive l’utilisation de l’harmonie riche et chromatique avec des progressions modales de 7e et 9e, en introduisant en même temps un ensemble de particularités d’écriture que Messiaen a explicité dans son traité Technique de mon langage musical (Technique de mon langage musical).
Parmi les compositions les plus marquantes de cette période, nous avons : – 1928 : Le banquet céleste (orgue), 1929 : Préludes (piano), 1930 : Offrandes oubliées, 1936 : Poèmes pour mi, (soprano et piano) 1943 : Visions de l’Amen (deux pianos) 1944 : Trois Liturgies de la Divine (chœur de voix féminines, piano, ondes Martenot¹ et orchestre) 1944 : Vingt Regards sur l’Enfant Jésus (piano) 1945 : Harawi- Chant d’amour et de mort (voix et piano).
Influence des oiseaux, religion et synthèse finale
Sous l’influence de Boulez et de l’école de Darmstad, Messiaen dirige fortement sa technique d’écriture vers les structures en série à partir de 1948. Beaucoup de critiques considèrent de 1948 à 1952 comme la période de transition importante dans son œuvre.
Les principales œuvres de cette seconde période furent 1948 : Canteyodjaya (piano), 1949-1950 : Quatre études de rythme, 1950 : Messe de Pente cote (orgue), 1951 : Livre d’orgue.
À partir de 1952 commence une nouvelle phase que l’on peut appeler « période ornithologique ». Messiaen était fasciné dès son plus jeune âge par le chant des oiseaux et ce désir de pouvoir l’employer dans sa musique le poussa à étudier l’ornithologie. Ainsi, durant cette période Messiaen consacre ses œuvres au chant des oiseaux où il explore sa fascination pour le rythme : 1952 Le Merle noir (flûte et piano), 1953 : Réveil des oiseaux (orchestre), 1955 : Oiseaux exotiques (orchestre), 1956-1958 : Catalogue d’oiseaux deux (pianos), 1960 : chronochromie (orchestre), 1963 : Sept Haikai (piano, xylophone, marimba et petit orchestre) Dans une note biographique sur Olivier Messiaen, José Abreu (2009) discute des caractéristiques de la dernière période, le caractérisant par le retour au thème religieux, la réunion et la combinaison de toutes les autres composantes qui l’ont accompagné au cours des années précédentes.
Les compositions les plus célèbres de cette période sont : 1964 Couleurs de la cite celeste (orchestre), 1965 : Et expecto Resurrectionem Mortuorum (orchestre de soufflage), 1965- 1969 : La transfigurtion de Notre Seigneur Jésus Christ (chœur mixte, sept solistes instrumentaux et grand orchestre) 1969 : Méditations sur le Mystère de la Sainte Trinité¹ (organ).
Le parcours de sa langue musicale est extrêmement intéressant.
Cultivant depuis un langage modal avec des accords de grande densité, où sont importants certains intervalles qui deviennent reconnaissables à l’oreille comme étant de sa paternité, Messiaen est venu à bord, en finales des années 1940, dans les courants expérimentaux de l’avant-garde musicale.
C’est même Messiaen qui a ouvert la porte au sérialisme intégral et qui a indiqué de nouvelles voies à toute une nouvelle génération de compositeurs, parmi lesquels on peut inclure Pierre Boulez ou Karlheinz Stockhausen.
Cependant, Messiaen dévalua rapidement ses incursions les plus radicales et se tourna vers les éléments de la nature comme source d’inspiration de son processus créatif.
Il en a résulté plusieurs œuvres qui reproduisent le chant des oiseaux. Déjà dans les années 1960, le compositeur a cherché à faire une synthèse stylistique de son propre héritage et a créé des œuvres de profonde dévotion religieuse et de grandes proportions comme la célèbre oratoire La Transfiguration, résultat d’une commande de la Fondation Gulbenkian, ou l’opéra Saint-François d’Assise.
Dans le cadre de la programmation de la Casa da Música, son œuvre a fait l’objet d’une rétrospective à l’occasion du centenaire de sa naissance en 2008.