Garder intact le plaisir lors de la pratique musicale

À propos de l'auteur : Benoît

Benoît Chapeaux, né en 1976 à Dijon, commence le violoncelle à six ans. Il poursuit ses études à l’École Normale de Musique Alfred Cortot à Paris et obtient son diplôme au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon. Il rejoint l’Orchestre National du Capitole de Toulouse en 2003 et co-fonde le Quatuor Alexander en 1996.

Comment ne pas perdre de vue malgré le travail et une certaine discipline que l’on s’impose, le plaisir réel. Nous avons trop tendance à classer nos activités dans des cases. La cause en est peut-être un système qui nous saute aux yeux comme un fichier Excel.

Les notions de travail et de plaisir nous paraissent au premier abord totalement antagonistes. Le travail étant le reflet de quelque chose qu’on nous impose, avec des règles, des horaires et une certaine hiérarchie à respecter et de l’autre la catégorie plaisir assimilée à la liberté, l’écoute de ses envies, sans entraves…bref la réalisation complète de son ego.

Certes tout cela, je vous l’accorde est un brin caricatural mais malgré tout avec un fond de vérité quand on y pense bien.

Le travail ou vie professionnelle rime souvent avec contraintes alors que la part de plaisir accordée à nos temps libres, à nos « hobbies » elle, serait le reflet du sas de décompression qui nous permet comme on dit de « souffler » un peu.

Un monde professionnel synonyme d’apnée et de l’autre la bouffée d’oxygène.

Ces comparatifs de l’ordre de la plongée sont ceux tout bonnement de la vie. ça me rappelle enfant les campagnes organisées de lutte contre la tuberculose où je me retrouvais à vendre de petits autocollants très beaux d’ailleurs pour récupérer des fonds, avec la phrase le souffle c’est la vie.

Finalement l’important c’est le point d’équilibre.

Groupe de chanteurs en répétition

La pratique musicale, une solution…

Vous avez choisi votre instrument pour des raisons qui ne tiennent qu’à vous, un parcours de vie, une émotion qui vous parle, un souvenir d’enfance, un manque..

Faire le choix d’un enseignement adapté est prioritaire. La compréhension mutuelle est nécessaire, nous ne devons pas perdre de vue la progression que l’on obtient grâce au travail personnel mais aussi avoir une oreille attentive qui décèle la difficulté et vous fournir les outils pour la surmonter. Le plaisir finalement n’est pas celui que l’on croit, celui qui rime avec l’instantanéité, sans effort, sans mérite, celui qui passe aussi vite qu’il est apparu.

Après le cour qui est le lieu de l’échange entre le professeur et l’élève, le lieu de transmission d’un savoir, nous nous retrouvons face à nous même. Nous expérimentons c’est le temps du travail, de l’assimilation, sans pression. Quel bonheur de se retrouver seul avec son instrument de musique et de reproduire ce que nous avons appris jusqu’à s’approprier soi-même la technique, la musique.

La satisfaction de soi est importante quand on progresse, quand on passe les différentes étapes. Parfois nous nous heurtons à une forme d’obstacle soit parce que le geste n’est pas encore naturel, ce peut être aussi une incompréhension par rapport à un cour.

Mais pas de panique, il n’y a pas de problèmes…la pratique musicale demande du temps mais l’objectif n’est celui que vous vous fixez vous-même. Nous sommes tous dans l’attente du résultat. Dans la musique, la meilleure amie est la patience… Chacun avance à son rythme, en pédagogie il est temps de comprendre que chaque élève avance à son propre rythme, le pédagogue doit toujours en avoir conscience.

Ici nous parlons de maîtriser la technique instrumentale pour pouvoir un peu plus en profiter. Aborder un répertoire plus complexe. Mais ne perdez jamais de vue la naissance du son, d’une note, la vibration d’une corde…tout est une histoire de fréquence. Ce sont ces fréquences qui produisent l’apaisement.

N’étant pas spécialiste en physique, nous connaissons déjà les bienfaits sur les gens de la musique, du son. La musicothérapie, un terme et une technique qui est extrêmement à la mode en ce moment repose réellement sur des choses concrètes.

Le plaisir est synonyme ici d’apaisement, depuis tout temps la musique fut une composante du soin, dans le chamanisme avec certains chants incantatoires et percussions, rythme répété, nuance crescendo…et encore plus la musique comme accompagnement à la méditation quel quelle soit sans aucun prosélytisme.

Deux guitaristes assis par terre en train de pratiquer

Plaisir et interprétation…

Le plaisir éprouvé en musique est un moteur considérable. Toute l’histoire de la musique est truffée de chefs d’œuvre. Le plaisir premier de la musique passe par l’écoute, par le sens de l’ouïe, les vibrations, les nuances, l’ambitus, les climax tant de termes dont la liste est longue (je vous en ferai grâce) sont tous vectoriels de sensations.

Musicien moi-même je ne dispose pas de termes suffisamment forts pour traduire ce que je ressens ou j’ai pu ressentir en concert certaines fois. L’origine de départ est l’œuvre elle-même, au pire moment de doute, ce qui m’a toujours sauvé c’est de réaliser que la partition que je vais jouer est déjà en elle-même une œuvre d’art.

C’est une chance inestimable et encore plus de pouvoir l’exécuter en publique pour la partager. Je reste convaincu que le plaisir doit rester le moteur dans la pratique musicale, il lui donne pour moi sa vraie valeur.

C’est une nourriture intellectuelle, c’est un souffle incroyable. L’émerveillement doit rester intact, pour cela il faut en avoir conscience. Un musicien est une personne qui doit être acteur de son activité, rendre vivant une œuvre par l’utilisation d’un instrument ou plusieurs instruments de musique et en public.

Le plaisir personnel et le partage sont indissociables. La musique est un langage universel, et chaque interprétation est unique car tout simplement chaque musicien est une personne à part entière avec son parcours, ses expériences de vie, son héritage familial.

Chaque instrumentiste aura une vision différente d’une œuvre seulement s’il s’approprie lui-même la partition, à ce moment là nous parlerons de liberté.

La pratique musicale est vaste, chacun doit trouver son intérêt, la bonne connexion entre le prof et l’élève, entre l’interprète et la partition. Entre le musicien exécutant et le public.

Le plaisir est omniprésent, en mon sens le plaisir personnel doit être au rendez-vous pour pouvoir donner le meilleur de soi-même et pour partager avec un public un instant rare au moment du concert.

Je me dis souvent que le jour où ce plaisir ne sera plus là il faudra envisager de faire autre chose… mais avant cela la remise en question quotidienne est un excellent remède !

Partagez cet article!

L’alto

L’Histoire L'histoire de l'alto remonte à la création de la famille des violons au XVIème siècle en Italie. Il descend du Rebec, sorte de violoncelle plat à 3 cordes qui accompagnait les [...]

Rejoignez l’académie de musique pour adultes la plus distinguée de Paris

Cours de musique réservés exclusivement aux adultes de tous âges et de tous niveaux

Titre

Aller en haut